Le pervers narcissique : un être souffrant… qui fait souffrir
La perversion narcissique – originalement décrite par le psychanalyste Paul-Claude Racamier – consiste en substance en un dysfonctionnement qui transforme chez l’individu en souffrance le désir d’être aimé en besoin d’être obéi. Pour atteindre son objectif et apaiser son mal-être, il est prêt à anéantir sa proie en la manipulant mentalement. Ce dossier vise à vous faire découvrir plus en détails ce trouble de la personnalité immensément préjudiciable.
Comment reconnaître le pervers narcissique ?
Bien que les hommes soient le plus souvent touchés par le trouble narcissique, bon nombre de femmes en sont également atteintes et font autant de ravages sur leur passage que les hommes.
Les pervers narcissiques ont plusieurs points en commun. Leur mode de fonctionnement est quasi toujours le même. Voici quelques-uns de leurs traits de caractère qui aident à les repérer plus aisément.
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- Culpabiliser, dévaloriser, menacer, critiquer, juger, utiliser le chantage, refuser de reconnaître ses torts. Ce sont les spécialités du manipulateur narcissique;
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- Communiquer de façon alambiquée. Il s’exprime en termes flous pour obliger sa victime à tenter de le comprendre;
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- Utiliser les autres pour atteindre ses objectifs. C’est un marionnettiste hors pair;
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- Semer la zizanie en toute discrétion. Son mot d’ordre est diviser pour mieux régner;
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- Mentir. Même pour des banalités;
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- Envier. Il se montre jaloux des compétences et des atouts de sa victime dont il ne dispose pas. Nul n’a le droit de le détrôner;
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- Exiger la perfection. Il impose à sa victime d’accéder à ses demandes au quart de tour et sans faillir;
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- Reporter tout à lui même. Sa nature égocentrique, aussi fragile que démesurée, s’exprime haut et fort. Les autres n’ont aucune importance pour lui, même s’il tente de faire croire le contraire;
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- Obliger sa victime à accepter l’inacceptable. Il réussit à obtenir son consentement à l’aide d’un raisonnement d’une logique implacable;
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- Vider l’autre de son énergie. L’épuisement guette la proie du pervers, à force de ne plus savoir comment agir avec lui;
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- Entraîner un sentiment de dépendance. Il est curieusement difficile de rompre les liens avec lui;
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- Semer la confusion dans l’esprit de l’autre, lui faire perdre ses repères. Le pervers modèle sa victime en fonction de ses propres objectifs, de ses propres intérêts;
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- Fait transmettre ses message par les autres. Cette façon de faire lui donne la possibilité de pouvoir tout à la fois attaquer et réconforter sa victime;
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- Faire preuve d’une froideur extrême. Il n’est pas programmé pour démontrer de l’empathie;
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- Se positionner en tant que victime. Bonne stratégie pour ne pas éveiller les soupçons. Qui se méfie d’une victime ?
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- Assimiler la personnalité et les principes moraux des autres. C’est ce que font tous les êtres faibles;
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- Afficher des comportements et des sentiments différents d’une personne à l’autre. Le manipulateur déstabilise en se montrant insaisissable;
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- Faire croire à une soi-disant supériorité. Il mise sur l’ignorance et la crédulité de sa victime pour susciter son admiration. C’est pourquoi il cible souvent des personnes en détresse;
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- Susciter une image sociale avantageuse. Il ne veut pas être perçu comme une personne ignoble;
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- Séduire à tout prix. Non pas pour se faire plaisir et faire plaisir à autrui mais comme moyen d’arriver à ses fins;
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- Garder son calme en tout temps. C’est le meilleur moyen pour lui de prendre et de garder le contrôle sur les autres;
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- Tenir un discours opposé à ses actions. Une autre tactique de déstabilisation particulièrement rentable pour le personnage;
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- Faire parler de lui. Prendre le devant de la scène est une grande source de satisfaction pour le pervers narcissique.
Les causes de la perversion narcissique
À l’instar de plusieurs troubles psychologiques, les causes du trouble narcissique demeurent à ce jour assez floues et exemptes de preuves. Si certains spécialistes sont d’avis qu’un trouble génétique ou neurobiologique peut entraîner un tel dysfonctionnement, la plupart d’entre eux avancent que son origine remonterait au cours de l’enfance, période où la personnalité se structure et l’estime de soi se développe à partir des repères que l’entourage proche transmet. Certaines circonstances spécifiques peuvent servir d’éléments déclencheurs comme :
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- L’utilisation de la manipulation perverse en guise de bouclier pour se défendre contre des abus, des traumatismes passés;
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- Des attentes démesurées de la part des parents;
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- Une absence de modèles positifs, les parents du pervers étant eux-mêmes narcissiques;
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- La négligence et le rejet – à la maison ou à l’école – de personnes significatives;
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- Le manque criant d’affection et de reconnaissance pouvant conduire l’enfant à imaginer des solutions de survie affective.
De plus, les personnes qui ont une piètre confiance en elles et celles qui sont aux prises avec une dépendance affective courent davantage de risques de souffrir d’un trouble de la personnalité narcissique.
Comment se protéger contre un pervers narcissique… et s’en débarrasser ?
Avoir affaire ou vivre avec un pervers narcissique est énergivore. Une personne aux prises avec une telle personne toxique atteint un seuil d’épuisement tellement considérable qu’elle n’a parfois plus qu’une seule idée : baisser les bras et se rendre. Voici quelques conseils pour résister aux assauts de l’agresseur et parvenir à le congédier à tout jamais.
Le démasquer pour le garder à distance
Bien que ce ne soit pas chose facile de l’identifier au premier regard car il cache habilement son jeu, il est essentiel de reconnaître le pervers narcissique, de comprendre à qui on a affaire pour réussir à se soustraire de ses griffes. Dès le moment où nous sommes en mesure de pointer du doigt avec aplomb notre agresseur, des pistes de solutions nous sont peu à peu dévoilées. Il faut cependant éviter de coller une étiquette de perversion narcissique à la première engueulade avec un confrère de travail ou au moindre conflit amoureux. Pour être sûr d’être pris dans un tel piège, un certain nombre de critères doivent être démontrés, tels qu’énumérés précédemment.
Rester de marbre face à ses propos
Même si ses mots et ses gestes nous font mal, il faut faire preuve de maîtrise et éviter de réagir. Car ce sont nos émotions qui nourrissent le manipulateur et lui procurent le courage de poursuivre ses travaux de destruction. Pour le déstabiliser, on lui oppose le silence ou on s’en tient à des conversations banales. Il faut s’abstenir de se justifier ou de se défendre. Lorsqu’il n’a aucune prise, le pervers narcissique a tendance à prendre ses jambes à son cou.
Garder des traces écrites des paroles et des faits
Un autre bon moyen de refroidir les ardeurs d’un pervers narcissique est de noter systématiquement ses échanges avec lui, par l’intermédiaire de courriels ou de SMS. En plus de défaire les plans de notre bourreau – qui choisit presque toujours de sévir en catimini – cette astuce permet de garder des traces des échanges, de se couvrir et de nous empêcher de s’inquiéter d’une possible paranoïa.
Le confronter devant témoin
Comme le pervers narcissique aime agir en douce et sans témoin, il est primordial de régler ses comptes avec lui en présence d’autres personnes.
Bien s’entourer
Les pervers narcissiques font le vide autour de leurs victimes pour mieux arriver à leurs fins. Ainsi isolées, celles-ci perdent confiance en elles et deviennent des proies encore plus faciles. D’où la nécessité pour ces personnes de se créer un solide réseau. Le fait d’être bien entouré contribue d’une part à contrecarrer les plans des lâches qui ciblent le plus souvent des personnes solitaires. D’autre part, pouvoir compter sur l’appui de personnes fiables nous aide à entrevoir la lumière au bout du tunnel.
Quelles sont ses victimes favorites ?
Ce n’est jamais par hasard qu’une personne devient la victime d’un pervers narcissique. Ce dernier choisit en effet ses proies en fonction de certains traits de caractère préétablis. Quels sont ces signes distinctifs ? Qu’est-ce qui, dans le comportement des victimes, laisse la porte ouverte à ce type d’individu ? Sont-elles, comme beaucoup de gens se plaisent à le croire, faibles, naïves, incapables de s’affirmer, en déficit d’estime et d’intelligence ? C’est souvent en fait tout le contraire.
La victime est dans la plupart des cas une personne aux qualités remarquables. Bonne vivante, elle est pourvue d’un tempérament joyeux, dynamique et empathique. Elle sait faire preuve de sensibilité, de générosité, d’ouverture d’esprit. Elle préfère l’harmonie aux conflits. Elle est capable de se remettre en question lorsque la situation l’exige. Elle possède de solides valeurs morales et éthiques.
Le pervers narcissique se sert du dynamisme de sa victime comme carburant, il fait siennes ses forces et transfère sur elle son mal-être. C’est la raison pour laquelle il sélectionne souvent des personnes particulièrement éveillées et ambitieuses pour leur retirer toute l’énergie dont il a besoin. Il a également un faible pour les individus fragilisés par des épreuves passagères (rupture amoureuse, deuil, cuisant échec…). Il fera semblant de voler à leur secours pour leur prêter main-forte. Dès l’instant où elles s’abandonnent face à ce geste d’accueil bienveillant et à positionner le pervers sur un piédestal, le piège commence à se refermer sur elles.
Comment diagnostiquer le trouble narcissique ?
Le trouble narcissique est particulièrement difficile à poser parce que l’individu qui en est atteint se sent tellement supérieur aux autres qu’il refuse catégoriquement de consulter un thérapeute. La plupart du temps, ce sont ses proches ou ses collaborateurs qui cernent le problème mais ne peuvent en discuter avec lui car il se ferme complètement face à tout commentaire susceptible de remettre en cause sa perfection.
Une guérison est-elle envisageable ?
Un individu souffrant d’un trouble narcissique peut-il réussir à combler son vide affectif, développer une capacité sincère à s’intéresser aux autres et à se présenter à eux sans carapace ?
Des séances de thérapie le mèneraient probablement vers un relatif mieux-être. Mais dans les rares cas où l’individu narcissique accepte de se soumettre à une thérapie, c’est surtout pour démontrer à son entourage sa volonté de fournir tous les efforts nécessaires pour évoluer favorablement. Mais en laissant espérer à ses proches et à ses victimes son intention de s’amender, il endort leur suspicion pour en faire encore plus facilement ses dupes.
Les thérapies ont donc généralement peu de prise sur lui. Plusieurs raisons expliquent cet insuccès :
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- Le refus du pervers de reconnaître son problème;
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- Son refus de reconnaître la compétence de son thérapeute;
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- Sa peur de découvrir des vérités insupportables sur lui-même et qui peuvent ternir sa merveilleuse image;
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- Son refus de changer dû aux gains importants que lui procure son attitude, tels que l’admiration, la force, le respect qu’on lui porte et le pouvoir, ce dernier étant considéré comme un moteur puissant et une drogue dure chez l’individu narcissique.
Une chose est certaine, aucun discours rationnel ne peut venir à bout du comportement destructif des pervers narcissiques. Pour espérer le voir changer, seul un choc violent ou une épreuve fracassante susceptible de démolir l’image qu’il a de lui-même et de lui faire prendre conscience des conséquences de ses tactiques de manipulation et de harcèlement serait (peut-être) efficace. Mais allez savoir pourquoi, cela n’arrive que très rarement.
En conclusion
Dès qu’on se croit en présence d’un pervers narcissique, il faut le fuir autant que faire se peut. Lorsqu’il fait partie de notre vie professionnelle ou personnelle et qu’on ne peut l’éviter, il faut demander de l’aide avant qu’une souffrance psychologique ne s’installe profondément.
L’erreur à éviter est de penser que cette personne nocive peut changer, qu’il s’agit après tout d’un être humain pourvu de sentiments. Les seuls sentiments qu’elle éprouve, c’est la joie d’assister au spectacle de décrépitude de sa victime et la domination maladive qui y est associée. Je voulais vous illustrer un peu cet article par des anecdotes de mon expérience personnelle mais je pense que cela fera l’objet d’un deuxième article sur le sujet car vous risquez de trouver le tout un peu long et indigeste. En tous cas n’hésitez pas à me laisser des commentaires si vous souhaitez en discuter, partager des expériences ou anecdotes ou encore me poser des questions ici ou sur Instagram en MP… Ne restez pas seule. et parlez-en. Le pervers narcissique détruit sa victime en profondeur et il est très difficile de remonter la pente donc n’hésitez pas à demander de l’aide, même à des personnes que vous ne connaissez pas très bien, car parfois on est étonnés de voir qui nous tend la main dans des situations qui semblent désespérées.
Si vous êtes victimes de violences, appelez le 3919.
7 commentaires
Ce que vous indiquez ressemble, à s’y méprendre, à ce que j’ai vécu.
Il remplissait pratiquement toutes les cases concernant le oervers narcissique manipulateur…
Er moi celles de la victime.
Cela s’est installé très progressivement.
Je n’ai pu sortir de cette emprise que quand il a commencé à s’en prendre à notre fille, et grâce a un événement extérieur.
Bonjour Michèle,
C’est vraiment bien que vous en soyez sortie vous et votre fille !
Il sont très malins alors ils y vont progressivement pour ne pas que ca soit trop d’un coup !
Bravo en tous cas car ce n’est pas facile de partir
Victime d’un manipulateur durant un an et tentative de suicide au bout de cette souffrance. 6 mois de thérapie lourde. Il m’aimait disait il comme un fou. M’a présenté à sa famille ses amis mais en fait je n’étais qu’un faire-valoir puisqu’il venait de subir un divorce. Son ex étant partie avec un autre. Tout était bon pour que ses amis se donnent le droit de m’humilier sans réaction de sa part. Si ce n’est le silence ou les sourires sous-entendus. Les conflits ou bien sur il n’était en rien responsable. La descente aux enfers pour moi. Heureusement je vais bien maintenant. Mes amies sont là et me suivent. Je retrouve le bonheur. Et je peins maintenant. Heureuse
Bravo ça n’a pas du être évident
Un sujet très important et trop souvent tabou.
Effectivement il faut fuir ce genre de personne. la difficulté est trop souvent la prise de conscience tardive.
Ton article devrait vraiment aider à une détection très rapide.
Ils ne montrent malheureusement pas leur vrai visage rapidement
J’ai vécu 2 ans avec une personne qui me
Semble avoir certains traits de caractère insultes à chaque dispute séparation sur séparation elle revenait en s’excusant alors que je l’avais mise à la porte et il
Y’a 4 mois nouvelle séparation mais cette fois c moi qui est voulu la récupérer et elle veut plus de moi en me
Disant que si ça n’a pas marché cela est de ma faute que je l’ai trop foutu à la porte du cou depuis 4 mois je me
Sens fautive je l’ai suppliée pendant 2 mois de revenir pendant qu’elle vivait sa vie et me rabaisser