Ce matin, le silence. L’impression de me réveiller avec la gueule de bois. Me demander si c’est terminé ou si d’autres personnes vont décider de tuer des innocents de sang froid. Depuis trois jours, je me réveille au son des sirènes en me demandant ce qu’il s’est passé. Ce matin, lorsque j’ai ouvert les yeux c’était silencieux, ça faisait du bien. Puis j’ai entendu les sirènes et je me suis ruée sur les sites d’infos et Twitter, mais apparemment tout va bien, ce ne sont que les sirènes “de la vraie vie” ou peut-être des “fausses alertes”. J’espère que c’est fini, mais pour l’instant je l’ignore.
Je n’ai pas voulu poster ni sur le sujet des attentats, ni sur un autre pendant les faits car je trouvais les deux indécents. Faire de l’audience en disant “Ah oui, c’est trop horrible et je suis du côté des gentils” (mais encore HEUREUX non ?), je ne me sentais pas assez dégueulasse. Et je ne pouvais pas non plus écrire sur autre chose, puisque je ne pouvais pas penser à autre chose.
Je ne suis pas Charlie dans le sens où, d’une part je refuse de m’approprier leur courage pour défendre leurs idées, ni pouvoir toucher du bout des doigts la douleur de leurs proches (l’intervention de la compagne de Charb m’a tellement émue !). Je ne prétendrai pas être sensible à leur humour, ni à leurs idées, car pour être honnête je n’ai jamais acheté ce journal. Et puis il n’y a pas que des victimes journalistes, il y a aussi un agent d’entretien, 3 policiers, des innocents qui faisaient leurs courses. Pour ces raison je n’ai pas employé le hashtag Charlie et je ne le ferai pas. J’aurais l’impression d’être un imposteur.
Je ne suis pas Charlie, mais je suis un être humain et pour toutes les victimes de ces attentats, quelle que soit leur profession, ou leur confession, j’ai mal à mon humanité. Tout au fond de mes tripes.
J’ai bien entendu le sens du hashtag, qui rejoignait finalement mon propos “Qui tue un homme, tue l’humanité”, mais j’étais simplement gênée par cette formulation.
Je n’ai jamais vu Paris comme ça. Comme si un vent de ténèbres soufflait sur nos joues. Les parisiens qui marchent vite, le visage fermé, lançant parfois des regards inquiets vers les innombrables véhicules de police, et d’autre fois esquissant difficilement un sourire, cherchant un peu d’humanité, de bienveillance, de solidarité.
On essayait de rester dignes et de continuer à vivre, de faire comme si de rien n’était et rien ne nous arrêterait, mais le doute et la peur planaient. En parlant à des amis hier soir, après les deux assauts, je me suis rendue compte qu’aucun d’entre nous n’était soulagé. Je ne sais pas si c’est parce que l’on ignore si il y a d’autre terroristes prêts à agir ou parce que nous sommes en état de choc et qu’il est difficile de reprendre le cours de nos vies comme si rien ne s’était passé.
Il y a quelques jours seulement, je vous présentais mes vœux sur une note positive et optimiste. Aujourd’hui, tout cela me semble lointain. Le nouvel an me paraît toujours une superbe occasion de bien commencer une nouvelle ère, mais je crois que ça va être très compliqué, quand tant de gens sont morts, d’autres ont tremblé pour leurs enfants, leur femme, leurs parents.
La France entière est en deuil et je pense que ça prendra du temps. Le temps de reprendre confiance, le temps de se dire que l’on peut aller au supermarché sans se faire assassiner. Mais je sens, même à travers le silence et la tristesse qui règnent, que les français sont forts, dignes et déterminés à se battre pour leur liberté. Alors je ne le dis pas souvent, mais ces jours-ci, je suis fière des français. Restons unis et solidaires.
15 commentaires
merci pour cet article !
De rien jolie violette …
Très bel article, très humble, honnête et bien écrit.
moi #jesuischarlie parce que je lis Charlie et je lisais Hara Kiri et #jesuischarlie pour dire oui à la Liberté.
Mais je ne suis pas charlie quand les politiques nous appellent tous ensemble…
J’ai pour ma part posté sur des sujets futiles. C’est le moyen que j’ai trouvé de défendre la liberté d’expression (à mon échelle), d’évacuer un peu la tension, et surtout de garder le sourire quand je me trouvais avec mon fils (bien trop petit pour comprendre pourquoi sa maman ne sourit pas). Mais ma futilité de surface n’est qu’une carapace…
Hello belle-gosse !
Je n’émets pas de jugement de valeur par rapport à ça. On fait tous notre deuil et on exprime tous notre peine et nos angoisses à notre façon. c’est encore autre chose quand on a des enfants à protéger de la peur. Quand je dis, je ne me sentais pas assez dégueulasse, c’est pour ne pas faire des choses qui ne me correspondaient pas à moi, notamment l’universellement célèbre hashtag
Très bel article
#jesuischarlie #noussommestouscharlie
Des bisous & bon week-end xx
Strong and fascinating words. I have thought of you often these last few days. Our news reports Paris is a far different place today than it was just a week ago, edgier, angrier, shocked. You are a tough nation, a strong people, and no handful of cowards will break your spirit, but, I must warn you, that in the days ahead, your freedoms will be at risk. Take is from a post 9/11 American, scared people are all too ready to surrender civil rights to maintain even a falsehood of safety. I stand with France and, of course, I stand with you.
j’ai vu aussi le témoignage de la compagne de Charb c’était vraiment bouleversant! on est en 2015 , on arrive à aller sur la lune mais toujours pas à vivre ensemble 🙁
Je suis Charlie, nous sommes Charlie
Bravo pour ce beau texte, tu as résumé ma pensée.
je n’avais jamais vu Paris comme ça non plus, c’est vrai que c’était impressionnant..
J’admire ton honnêteté, merci.
Sinon comme toi ces derniers jours je n’ai pas eu envie de faire autre chose que de regarder les infos, savoir comment évoluent les choses. Impossible de travailler, impossible de blogger.
Article émouvant et vrai qui vient du cœur… Nous sommes en 2015 et il y a encore des personnes qui refusent de vivre ensemble, en harmonie. Des personnes qui choisissent la haine et la violence, pourquoi? C’est vraiment désolant. Mourir de cette façon, personne ne mérite cela…
Ne nous divisons pas, restons solidaires et unis, il y a encore des gens biens dans ce monde, ne l’oublions pas.
C’est bien triste et ton message me donne des frissons. J’imagine que l’ambiance devait être bien plus morose à Paris, qu’en province….comme tu dis, restons unis et solidaires.